
Titre original: 말모이 / Malmoi
Titre alternatif: MAL-MO-E: the secret mission
Pays: Corée du Sud
Genre: Drame historique
Durée: 135 minutes
Sortie: 9 Janvier 2019
Réalisatrice: Uhm Yoo Na
Scénariste: Uhm Yoo Na
Productrice: Park Eun Kyung
Compositeur: Jo Yeong Wook
Directeur de la photographie: Choi Young Hwan
Société de production: The Lamp
Société de distribution: Lotte Cultureworks
Casting principal: Yoo Hae Jin (Kim Pan Soo), Yoon Kye sang (Ryu Jung Hwan), Kim Sun Young (Goo Ja Young), Kim Hong Fa (Mr. Jo), Kim Tae Hoon (Park Hoon), Min Jin Woong (Min Woo Chul), Woo Hyun (Im Dong Ik)
Avant de commencer la critique de ce film inspiré de faits réels, voici un peu d’Histoire des XIXème et XXème siècles coréens pour situer le contexte. A la suite de quelques tentatives d’invasion, la Corée est restée très fermée aux étrangers après le Moyen-Age. Ce n’est qu’en 1894 que la Corée est forcée de s’ouvrir de nouveau en demandant de l’aide à la Chine pour gérer une crise économique. Ce n’est pas du goût du Japon qui s’oppose à la Chine lors de la première guerre sino-japonaise (1894-1895) notamment pour le contrôle de la Corée. Les victoires japonaises obligent la Corée à faire une alliance militaire avec le Japon. Après la guerre russo-japonaise (1904-1905), la Corée devient un protectorat japonais (cela peut se comparer aux colonies européennes). Le 22 août 1910 fut signé le traité d’annexion de la Corée par le gouvernement coréen et le gouvernement impérial japonais. Il permet ainsi au Japon de contrôler et d’exploiter la Corée. Le 1er mars 1919 a lieu un soulèvement des populations coréennes contre l’occupant japonais qui est sévèrement réprimé. La Corée vit sous contrôle japonais jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Après la victoire des Alliés en 1945, la Corée est divisée en deux zones séparées par le 38ème parallèle. Le Nord est sous influence de l’Union soviétique tandis que le Sud est sous influence américaine.
L’histoire du film se déroule dans les années 40 sur une période de plusieurs années. Les coréens sont sous domination japonaise depuis plus de trente ans. Ils parlent coréen entre eux lorsqu’il n’y pas de militaires japonais aux alentours mais leur premier réflexe est de parler japonais notamment quand ils s’excusent auprès d’inconnus. De plus, les élèves apprennent le japonais à l’école et aucun mot coréen ne doit être entendu. Les professeurs de coréen ont été forcés de démissionner. Plus les mois passent, plus les règles se durcissent. Les films diffusés au théâtre ne sont plus en coréen, ils prônent la gloire de l’Empire japonais ; les étudiants coréens sont forcés de changer leur nom en japonais, et il existe bien d’autres exemples. Le Japon veut tout simplement anéantir l’identité coréenne. Il est si facile pour les autorités japonaises de réduire au silence les plus faibles et les plus contestataires en les emprisonnant. La vie en prison est très difficile, les privations sont légion et la torture semble être une pratique courante. Il est ainsi aisé de menacer des familles, en prévoyant des arrestations ou des envois des jeunes à la guerre puisque la Seconde Guerre Mondiale a cours.
Les mots reflètent l’esprit d’une nation. Les livres sont nos bouées de sauvetage. – Ryu Jung Hwan
Des personnes résistent à cette domination japonaise au péril de leur vie et de celle de leurs proches. La société de langue coréenne est dirigée par Ryu Jung Hwan. Académicien pragmatique, il est en froid avec son père pro-japonais qui est le directeur du collège de Séoul. Ryu Jung Hwan supervise la rédaction d’un dictionnaire avec Mr. Jo, Im Dong Ik, Park Hoon, Gu Ja Young et Min Woo Chul. Ceux-ci exercent tous une profession littéraire : poète, journaliste, professeur, etc. Ils effectuent un travail de long haleine. Cela fait dix ans qu’ils regroupent des mots avec leurs définitions provenant de toute la Corée. En effet, chaque province de Corée a un dialecte particulier et les mots ne sont pas les mêmes d’un endroit à l’autre. Leur tâche est cependant loin d’être terminée.


La société de langue coréenne va être aidée dans sa mission par Kim Pan Soo. Il subvient difficilement aux besoins de sa famille. Son fils aîné Deok Jin étudie à l’école tandis que sa fille Soon Hee est encore jeune. Voleur local et illettré, on pourrait penser qu’il est loin de ressembler aux membres de la société de langue coréenne. Pourtant, ils ont bien des choses en commun. De plus, il leur apporte aussi beaucoup. Ce n’est pas parce qu’il ne sait pas lire et écrire (mais il va y travailler !) qu’il ne peut pas apprendre des choses aux autres. Il connaît en effet des mots d’argot que les lettrés n’utilisent pas. Il a aussi beaucoup de contacts qui lui seront très utiles.
Le pas de dix personnes est plus important que les dix pas d’une seule personne.
Le groupe mené par Ryu Jung Hwan doit faire attention à ce qu’il fait. La langue coréenne est bannie des écoles et bientôt des journaux et des livres. Rédiger un dictionnaire est interdit mais ils doivent mener leur mission à bien pour pouvoir préserver leur langue. En effet, chaque langage est particulier à sa région et à sa nation. Dans le film, il montre l’usage du mot « nous ». En coréen, on dit « notre famille », « notre maison », « notre pays », etc. pour parler de « ma famille, « ma maison », « mon pays ». Cela inculte un fort sens de communauté. La société de langue coréenne ne peut pas choisir seule les mots à entrer dans le dictionnaire. Elle veut réunir un forum pour que des professeurs de toutes les provinces coréennes puissent voter. Les érudits et les analphabètes luttent ensemble pour que l’héritage de leur langue puisse perdurer.


Le film est beaucoup moins larmoyant que ce à quoi je m’attendais. Malmoe: the secret mission est un drame historique ce qui engendre forcément des pertes. Quelques passages sont évidemment tristes mais le film propose aussi des moments drôles. De plus, les personnages vivent des moments difficiles mais ils arrivent toujours à garder le sourire et à apporter une certaine chaleur en les regardant. Le film est avant tout un témoignage nationaliste de cette période où la Corée souffrait sous l’oppression japonaise. Le spectateur ne peut que compatir en suivant ce groupe de patriotes. Mené par la voix d’un homme ordinaire – Kim Pan Su, il s’intéresse à la sauvegarde de la langue coréenne.
Ressenti : ★★★★☆
Trailer :
Merci pour toute la remise en contexte historique 🙂
Et puis ça me rassure un peu de lire que le film n’est finalement pas trop larmoyant parce qu’il est sur ma liste de choses à voir (depuis que tu m’en as parlé) mais c’était un peu ce que je craignais. Bon, ça ne sera pas pour tout de suite, mais néanmoins, j’aurai moins peur de le lancer comme ça^^
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Oui, le film est beaucoup moins dur et triste que je ne pensais au départ !
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