
Titre original: 특종: 량첸살인기 / Teukjong: Ryangchensalingi
Titres alternatifs: Journalist, Scoop: Liang Chen murder record, Exclusive: the Ryangchen murders
Pays: Corée du Sud
Genres: Thriller, Investigation
Durée: 125 minutes
Sortie: 22 Octobre 2015
Réalisatrice: Roh Deok
Scénariste: Roh Deok
Producteurs: Han Jae Rim
Compositeur: Jo Yeong Wook
Directeur de la photographie: Park Yong Soo
Sociétés de production: Woojoo Film, Vanguard Studio
Société de distribution: Lotte Entertainment
Casting principal: Jo Jung Suk (Heo Moo Hyuk), Lee Ha Na (Soo Jin), Lee Min Sook (Directrice Baek), Bae Sung Woo (Chef Oh), Kim Eui Sung (Directeur Moon), Tae In Ho (Chef d’équipe Yoo)

Dans cette comédie noire, l’avenir du journaliste Heo Moo Hyuk n’est pas très reluisant. Sa vie professionnelle tout comme sa vie personnelle sont au plus bas. Sa femme, Soo Jin, a demandé le divorce alors qu’elle va bientôt accoucher de leur enfant. Il espère la reconquérir et vit en attendant dans un petit studio miteux. Il est sur le point d’être renvoyé car une de ses enquêtes a déplu à ses supérieurs. En effet, elle implique un sponsor de la chaîne pour laquelle il travaille. Un maigre indice écrit sur un bout de papier est son unique espoir de rédemption. Sur cette feuille figure l’adresse d’une source potentielle sur un tueur en série qui sévit actuellement dans les rues de Séoul. Moo Hyuk rend visite à ce témoin et convaincu par ses propos, il entre par effraction dans la demeure du suspect. Il trouve alors une note manuscrite de ce meurtrier. Son ancienne chaîne de télévision est alors très intéressée par ce scoop.
Moo Hyuk devient ainsi un journaliste très apprécié de sa chaîne. Ses supérieurs hiérarchiques, dont la directrice Baek, le poussent à continuer ses reportages. Après la note manuscrite, il se lance dans une course-poursuite du tueur en série ! Le buzz créé par la diffusion des informations sur la chaîne de télévision est énorme et ses parts de marché ne font qu’augmenter. Elle ne veut bien sûr pas laisser filer ce sensationnel profit et compte bien exploiter ce sujet jusqu’au bout. Seulement, il y a un léger problème. Moo Hyuk a continué à mener son enquête personnelle et s’est rendu compte que son exclusivité n’en était pas réellement une. Cependant, avec le succès qu’il rencontre et tout le battage médiatique autour de ses scoops, il ne peut pas révéler la vérité : que tout n’est que fabrication. Le voilà alors qui s’enfonce encore plus dans ses mensonges tandis que le tueur en série ne rôde pas très loin…




Tout comme The whistleblower, The exclusive: beat the devil’s tattoo est un thriller d’investigation où les médias jouent un rôle important. Roh Deok dénonce le monde journalistique tel qu’il peut être perçu désormais à travers cette chasse au scoop. Que cela soit vrai ou faux, peu importe à la chaîne tant qu’elle obtient une exclusivité qui fait parler d’elle. Les journalistes veulent saisir la moindre opportunité qui se présente à eux. Même s’ils sont nombreux sur la même affaire, ils doivent tous la couvrir. Il suffit de regarder les nombreux plans où les journalistes se pressent les uns sur les autres pour pouvoir saisir la moindre bribe de parole.
Quand Moo Hyuk réalise que l’homme qu’il suspectait d’être le tueur en série est innocent, il est trop tard pour faire machine arrière. Trop d’informations ont été diffusées et sa crédibilité est en jeu. Il est coincé et n’a pas d’autre choix que de fabriquer des preuves pour être en avance sur les autres journalistes. Moo Hyuk doit gérer ses mensonges avec ses supérieurs mais aussi avec la police qui le questionne sur l’acquisition de ses preuves et son témoin. Il ne coopère pas avec cette dernière, se cachant derrière les droits et devoirs des journalistes de protéger leurs sources.


La fabrication de ses preuves attire aussi l’attention du véritable meurtrier. Ce dernier est surprenant. En effet, Roh Deok a créé un film se basant sur l’inattendu. L’image du tueur en série peut être assez fixée mais elle ne voulait pas de personnage se décrivant seulement par leur occupation. Elle a ainsi imaginé un personnage avec un sentiment d’imprévu. Elle a développé ce personnage cliché dans une vie ordinaire. [*] Lorsque le visage du tueur est révélé, d’un ton comique et assez léger, le film passe alors dans une atmosphère plus noire et satirique avec un final surprenant.
Même si The exclusive: beat the devil’s tattoo contient des éléments de type thriller, la vue d’ensemble consiste en une énorme blague et une satire. [*]
La fin du film est très noire. L’exclusivité de Moo Hyuk a évolué. En effet, entre ses mensonges et la réaction du public, la vérité est trop profondément enfouie pour pouvoir ressurgir. Les spectateurs se sont faits leur propre opinion, certainement suggérée par les médias qui ont créé cette histoire au gré de leurs suppositions et soit-disant preuves. Les médias ont ainsi un grand pouvoir de persuasion qui peut totalement occulter la vérité. Le final est plutôt glaçant (outre les faits) si l’on considère la brute réalité : le mensonge peut devenir la vérité.
[Avec ce film] je voulais dire que le monde actuel est constitué de jugements et de décisions pris plus rapidement que nécessaire. Lorsque la vitesse domine le monde, nous n’avons pas le temps de vraiment creuser la vérité et donc ce qui n’est pas la vérité devient la vérité. Les gens ne s’intéressent pas non plus à la vérité. Cependant, la vérité existe et nous devons être beaucoup plus actifs pour pouvoir la découvrir. Je voulais montrer le genre de blague qui pourrait se produire lorsque vous recevez passivement les informations données. [*]
Ressenti : ★★★★☆
Trailer :
Sources :
[*] Interview KoBiz